Dernière note sur la Gauche
Comme le dit Camus, la révolution n'abolit pas les privilèges ; elle remplace les anciens privilégiés par de nouveaux. Il ne faut plus illusionner les citoyens en leur promettant une liberté de tout et en tout, un égal accès à une justice qui serait parfaite, et d’autres balivernes du genre bonheur pour tous. On sait depuis les années 1990 que cela n’avait jamais existé là où l’on pensait que ça existait.
La question est, quelle légitimité pour les nouveaux privilégiés ? Privilégiés sous quelque forme que ce soit. A moins de préparer un complot, forcément tyrannique et non tenable sur la durée, il est nécessaire de déterminer profondément et durablement une majorité critique pour faire aboutir un projet de changement et maintenir définitivement (c'est l'ambition) cet état changé. Ce sont, à la fois, la profondeur et la durabilité de l’engagement de cette majorité critique qui sous-tendront la légitimité des nouveaux privilégiés et, par voie de conséquence, leurs compétences à conduire le changement et ses bonnes dynamiques. Le tout, il faut insister, sans asservir fatalement le peuple. Difficile équation !
C’est certainement, entre autres, ce que le CNR et autres régimes similaires africains n’ont pas pu résoudre, comparativement à Cuba, par exemple, d’où nous avons importé "la patrie ou la mort, nous vaincrons". C’est aussi, certainement, ce que l’Albanie socialiste n’a pas pu résoudre et a fini par tomber suite à des mouvements populaires et non par un quelconque "révisionnisme" de ses leaders, restés "droits dans leurs bottes".
L’histoire de l’humanité va comme elle va. Elle ne prétend pas à une justice ou justesse quelconque (sous l’entendement de l'Homme, en tout cas). Elle montre seulement que ni le courage des battants, ni la légitimité de leur cause n’ont suffi à faire triompher la dynamique sociale pour laquelle ils mènent combat. Les peuples et pays africains sont bien "payés" (par l’histoire) pour le savoir.
Les bombements de poitrine des leaders, les évocations tout élogieuses des héros africains ou des « inflexibles » révolutionnaires sont inspirants et bons pour le moral. Incontestablement ! Mais sans vouloir/pouvoir tirer leçon de leurs fautes et défaites (y compris doctrinales), sans inspiration de stratégie propre et adaptée à nos défis d’époque, différents des leurs et de leurs époques, nos entités-pays resteraient dans l’immobilisme, objets et non sujets de l’Histoire.
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