Youssoufou Ouédraogo

Youssoufou Ouédraogo

Semaine des grandes décisions ? voici mon pied

Récemment, des VDP, après de multiples revers ont exprimé leur désarrois, leur sentiment d’abandon par la république, au moment même où ils en ont le plus besoin. La maladresse de certaines autorités ont renforcé ce sentiment. Le chef d'état-major général de l'armée, après l'opération Taanli, demandait aux populations de "faire confiance à l'armée". Il est dans son rôle, conformément au principe de subsidiarité. 

 

Mais dans un système républicain, le problème de confiance, en situation d’épreuve comme celle que connait notre pays depuis plus de cinq ans, n'est pas directement adressé à l'armée mais aux politiques qui l'orientent. Et c’est là qu’il y a, à vue d’œil profane, du scepticisme. Tenez ! que devient le travail des 100 experts en 100 jours ? A tel point qu'on peut se demander s'il y a encore un enjeu, quelque chose de nouveau et de déterminant, à détecter et à analyser dans le discours officiel en la matière ?

 

En cherchant ailleurs, l’urgence serait de prendre de la hauteur et du recul, malgré le contexte violemment émotigène, pour cristalliser notre ambition sécuritaire du moment, en propre. Les comparaisons avec les anciens régimes et les voisins, seraient pour ajuster, pour mieux insérer dans l’environnement spatiotemporel actuel. Elles ne doivent pas obstruer la vision, ou être platement validées ou « nostalgiées ». En matière de renseignement national, par exemple, il y a des illusions et des petits calculs (voir chantage à la paix sociale) autour de certaines personnes, régulièrement citées, noms et prénoms, comme recours miracles, en référence à des performances à eux attribuées dans d’autres vies et contextes. Un système de renseignement qui dépendrait d’individus, quels que soient leur compétence, n’en est pas vraiment un, de national, mais de clan peut-être.

 

En plus de cette observation, il y a un autre écueil à éviter : depuis 2011, on a créé, subito, et à trois reprises, des Généraux pour les besoins de la Chefferie de l’Etat-Major Général des Armées. Sans intention de jugement de valeur et sans présumer de leur bilan qui peut être satisfaisant (là n'est pas le débat), on ne peut éluder le fait qu’il y a un cheminement militaire normal, codifié, pour accéder de droit au grade de Général. Poste ou fonction, le grade a une composante technique avec des contenus de formations et d'épreuves à réussir. On ne peut pas développer une armée cohérente et soudée, installer en routine des interactions loyales en son sein, avec des promotions subito, en fait politiques, au grade le plus élevé. Arrêtons de créer de Généraux, et formons des Généraux en grand nombre de préférence dans des pays qui ont des traditions de lutte anti-terroriste.

 

Toujours en cherchant ailleurs, l’insistance sur les VDP amène à rappeler que l’idée est venue de la pression populaire, inspirée par les Koglweogo. On sait que les relations de ces derniers d'avec les forces de sécurité et la justice ont souvent été, à tout le moins tendues, sinon, orageuses; et toutes les tentatives pour "capturer" et canaliser leurs activités dans les circuits judiciaires ont fait chou blanc. Actuellement, VDP et Koglweogo sont "mélangés"; les charges émotionnelles qui vont avec, aussi. En pratique, Les VDP, qui doivent "obéissance à I'autorité militaire" en sont aux combats de terrain en urgence et en première ligne, en "attendant l’arrivée des militaires" qui, apparemment, arrivent trop souvent trop tard. Les résultats initiaux des VDP  ont été grisants (à l’image de ceux des Koglweogo) mais sans la logistique et l’encadrement militaire nécessaires, ce n’est pas durablement tenable. Il faut trouver une autre formule d’articulation entre les VDP et les FDS, faisant en sorte qu’en opérations, ils soient toujours directement commandés par des militaires, quitte à les recruter parmi les meilleurs d'entre eux, puis à les former.

 

Nous avons en face, des lâches pillards-meurtriers coalisés avec des combattants zombies pour lesquels, mourir est le moindre risque. Quand, par désespoir ou obscurité spirituelle, des humains (concitoyens ou non) en arrivent à cette extrémité, il est difficile d’y faire face avec succès, juste en y opposant des sacrifices classiques, quelle que soit leur importance. Il nous faut imaginer autre chose, en plus.

 

On peut commencer par examiner la question suivante : comment sevrer les terroristes des ressources locales « bêtement » accessibles et faciles à transporter comme l’or et le bétail ?

 

En tout état de cause, si nous n'imaginons pas autre chose, en plus, la gestion du terrorisme deviendra, toute proportion amplifiée, comme celle du banditisme : on écrête, on démantèle de temps à autre mais le phénomène est là, bien installé, chronique.

 

Voilà ! c’était mon pied dans « danse de famille ».



29/06/2021
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