Youssoufou Ouédraogo

Youssoufou Ouédraogo

Un zeste de « Narcisse »

Après l’attaque de Solhan (nuit du 4 au 5 juin 2021), je vois un appel en absence, suivi d’un message vocal qui me demande de participer à une émission de débat sur une radio étrangère que je ne connaissais pas. Le délai est trop court (moins de deux heures) et je décline l’invitation, ne pouvant pas me libérer en si peu de temps, encore moins rassembler mes idées pour un débat en direct. Je suggère à mon interlocuteur de me prévenir trois jours à l’avance, pour les prochaines fois.

 

Deux ou trois mois plus tard, même sollicitation du même organe avec un délai de plus de 4 h avant l’émission. Et là encore, je ne peux pas être matériellement disponible pour l’émission. Je snobe l’invitation.

 

Puis arrive une 3ème fois la même sollicitation, après l’attaque du 1er novembre contre des commerçants de Dambam sur la route de Markoye. Le délai de trois jours avant l’émission est respecté. Je m’informe alors sur la radio en question et obtiens confirmation que c’est un média sérieux et bien connu. Je donne mon accord, mais avec la réserve suivante : « Je dois cependant vous informer que je suis prof de Biologie. Je ne suis pas un spécialiste de la sécurité. »

 

Et là, mon interlocuteur ne comprend plus. Il me dit que dans son esprit et dans leur « base de données », je suis enregistré « comme spécialiste en sécurité au Burkina ». Je lui rétorque que « je n’en suis pas un » et lui explique que mes prises de parole sur ces questions le sont sur le terrain intellectuel et citoyen, et non celui de spécialiste ou d’expert. Il me signifie que le profil recherché pour l’émission est « Spécialiste de questions sécuritaires », se désole et promet de faire mettre à jour leur « base de données », et de me revenir éventuellement pour une autre émission.

 

En matière de sécurité/terrorisme, il y a beaucoup de nouveaux experts individuels et collectifs. C’est toujours ainsi lorsqu’une thématique s’installe nouvellement dans l’espace public, ou devient durablement saillante. C’est bien pour le débat public, pour la prise de décision et, naturellement, pour le pays.

 

Mais attention à bien faire la part des choses, sinon on mélange tout dans l’esprit du citoyen : expertise/spécialité, engagement citoyen/politique, jeu de leadership sans lendemain, TD/TP de sciences politiques, etc.

 

En effet, je n’étais pas matériellement obligé de dire à mon interlocuteur que je ne suis pas spécialiste en sécurité ; mon interlocuteur n’était pas obligé d’en tenir compte et pouvait très bien maintenir ma participation l’émission. Imaginez les suites possibles !

Pour terminer, juste pour savoir et mieux comprendre certaines choses : est-ce que nos organes de presse (et assimilés) ont des bases de données de spécialistes/experts (tout profil), de leaders d’opinion (locaux, régionaux, nationaux), d’intellectuels, de religieux, etc. qu’ils renseignent régulièrement ?



28/08/2022
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