On ne cessera de le rappeler : seul un régime civil, avec une dévolution codifiée du pouvoir d’état, et connue de tous, peut stabiliser suffisamment notre pays (et tous les autres). Cette stabilité suffisante, qui est tout sauf incantatoire, est indispensable pour faire face à tous les autres « chantiers » (éducation, santé, sécurité, fiscalité, etc.). C’est ce qu’on peut constater à travers l’écrasante majorité des pays d’Afrique, où il n’y a plus eu de putsch militaire, guerre civile ou rébellion depuis le début du 21è s. Les citoyens et leurs représentants n’en sont plus hantés, limités et contraints dans leurs rêves personnels et pour leur pays.
Aucun peuple, celui des "Irissi"* y compris, ne peut se satisfaire, sur la durée, d’un régime d’exception, car, c'est aussi la hantise des violences, même défensives (comme ce qui nous a été présenté cette semaine), autour de la dévolution du pouvoir d’état, un bien public (je crois).
Outre le besoin et l’envie individuels et collectifs de se développer (sous quelque modèle que ce soit), il y a toujours et forcément des limites supportables de durée et d’intensité (de la violence). Quand il arrive qu’on y entre pour prendre le pouvoir d’état, quelles que soient les justifications, il faut préparer la sortie en bon ordre, d’une façon ou d’une autre. La pression n’est pas tenable, même à court-terme sans "la faculté de faire et de tenir des promesses". Sur la lutte contre le terrorisme, c’est fait, c’est clair, on suit et on espère. Pour le reste, l’inflation des promesses (et des chantiers) les rendent non seulement intenables, mais en rajoute aux hypothèses (ou suspicions) de "soif de pouvoir", et des calculettes pour s’y maintenir.
BC a mis quatre ans, de la violence inouïe, congénitale et précoce, pour régner pendant 27 ans, installation et règne par la violence qui le hantent toujours. ATT (au Mali) est parti en bon ordre et populaire, est revenu et a été renversé (putsch de Sanogo). Malam Wanké et Salou Djibo (au Niger) sont partis en bon ordre et ne se sont jamais retournés. Quant au "phénomène Dadis" comme il se le disait lui-même, un certain Toumba est passé par là.
Les prières se poursuivent. Le Wack aussi. Mais c’est sûr, il n’y aura pas de putsch à l’ONU.
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* "Irissi" : c'est l'éveil à la vie publique de certaines couches sociales, auparavant apathiques. Méprisant (peut-être) au départ, le terme est devenu d'usage pratique (neutre pour moi) pour désigner quelque-chose qui est très saillant depuis un an environ. Un jour ou l’autre, et le plus tôt serait le mieux, nos sciences humaines (et politiques) vont certainement s’y pencher méthodiquement. Ce phénomène est aussi une opportunité pour tous les bords et rebords politiques de notre pays. Évidemment, celui qui a suscité cet éveil a une longueur d'avance dans son "exploitation". Mais c'est juste une longueur d'avance, qui n’est pas forcément ou définitivement déterminante. Les "Irissi" sont des acteurs, désormais à la disposition du jeu et des interactions politiques de notre pays.