Youssoufou Ouédraogo

Youssoufou Ouédraogo

Vivre ensemble


Extrait 2 de "Vivre ensemble, au-delà du slogan", pages 196-197

 

Des segments fonctionnels importants du pays semblent renversés sur des tas de ronces. Et le seul fait, pour un groupe social, d’avoir des problèmes (conjoncturels ou structurels) d’une certaine acuité suffirait à se passer de tout autre questionnement de valeur intrinsèque (personnelle) ou extrinsèque, relativement au vivre-ensemble dans le cadre d’une nation en système républicain, quelle qu’elle soit. Sur ce même modèle comportemental, dans l’administration publique, le fait pour une corporation d’avoir un bon rapport de force ponctuel suffit à l’exercer matériellement, sous sa forme blocage du service (public), pour exiger, non plus seulement des corrections d’injustice ou des avantages généraux, mais des avantages spécifiques, voire très spécifiques dont les repères de légitimité de réaction, face à leur éventuelle écorchure, ne paraissent plus avoir de balises : rupture, voire conflit ouvert avec les intérêts légitimes d’autres corporations, voire d’une sous corporation à l’intérieur d’une même corporation, ou des usagers anonymes ; rupture des équilibres nationaux relatifs aux rapports qualification, rémunération, motivation, dans un même système d’administration. À cette allure et dans cette logique où les avantages spécifiques sont « arrachés » par l’exercice matériel et bloquant des rapports de forces, de quelles invocations républicaines et morales, pourrait-on empêcher l’armée ou une de ses fractions d’arracher le pouvoir ou, du moins, de le tenter ? Les forces armées étant, sous cet angle, une corporation comme les autres.

 

Commentaire : C'était en 2018. On y est depuis janvier 2022. Les « invocations républicaines et morales » ont perdu de leur légitimité, de leur force, et ce, dès le discours. C’est transitoire, car, il faut bien qu’on en revienne un jour ou l’autre. Mais auparavant, l’impératif reste de déconstruire les sous-idéologies du putschisme, tout emballage compris. Autrement, c’est le risque d'une instabilité permanente ou sa hantise. Et qu'on le perçoive ou non, cela est très coûteux en énergie, en acquis sociaux et en cohésion nationale (le minimum indispensable). Seule l’incertitude y serait certaine et cumulable, avec toute implication possible et imaginable.


18/12/2024
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