Youssoufou Ouédraogo

Youssoufou Ouédraogo

Mise fin de « toutes les activités du projet Target Malaria »

En attendant d’en savoir plus sur la décision du ministère, on est tenté de la mettre en relation avec la conférence de presse de la Coalition de veille sur les activités biotechnologiques au Burkina Faso (CVAB) tenue « pour dénoncer la lâcher de moustiques mâles biaisés génétiquement modifiés. » Au cours de cette conférence de presse, il a été dit :

 

« Le problème, c’est la solution que propose le projet Target malaria qui consiste en l’élimination du vecteur par des moustiques à impulsion génétique mis au point par la TECHNOLOGIE DU FORÇAGE GÉNÉTIQUE (souligné par moi). Nous précisons que les œufs des moustiques génétiquement modifiés, qui seront génétiquement forcés par la suite, sont importés de l’Imperial college of London et d’Italie. Cette technologie est très controversée et pose des problèmes éthiques ...

...le forçage génétique est capable d’exterminer toute une espèce. Les scientifiques du monde entier appellent à la plus grande prudence et soulignent que cette technologie n’est pas encore prête à être utilisée sur le terrain, en raison de son haut degré d’incertitude et d’imprévisibilité. » (Voir https://lefaso.net/spip.php?article140241)

 

Ces informations rappelées par la coalition sont correctes, certes, mais ce n’était pas le cas, avec le dernier largage de moustiques par Target Malaria, dont le communiqué dit : « … il a procédé, le 11 août 2025, au lâcher de moustiques génétiquement modifiés mâles biaisés SANS IMPULSION GÉNÉTIQUE » (souligné par moi), en d’autres termes, sans forçage génétique (‘gene drive’ en anglais).

 

Des largages similaires (moustiques génétiquement modifiés, mâles biaisés sans impulsion génétique) auraient déjà eu lieu aux Îles Caïmans en 2009, puis 2010 et 2012, au Brésil en 2011, au Mexique en 2012-2015, au Panama en 2014-2016, au Salvador en 2015, États-Unis de 2021-2023.  La baisse induite de la population de moustiques a été de plus 80 %. Dans trois de ces pays (au moins), il y a eu de longs débats publics, et le Panama aurait même stoppé le projet sous une double contrainte : défaut de financement et pressions publiques. » (source ChatGPT, interrogé le 25 aout 2025).

 

Cette éventuelle confusion levée, mon avis de citoyen est que le Ministère de la Recherche doit communiquer de façon unilatérale sur sa décision : mettre « fin » (et pas simplement "à l’arrêt" d’où l’on pourrait repartir) de « toutes les activités » du projet. Parce que jusqu’au 18 aout, soit une semaine après le lâcher, toutes les autorisations avaient été obtenues, cette communication permettrait de maintenir/entretenir la légitimité des instances dédiées aux autorisations et à notre recherche scientifique. Dans la lutte contre le paludisme, notre pays est légitime pour revendiquer un leadership mondial. Et il en a les ressources humaines : nos chercheurs y ont fait de grandes percées (mondiales) ces dernières années.


26/08/2025
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