Youssoufou Ouédraogo

Youssoufou Ouédraogo

Il y en a qui ose tout !

"Nous tombons dans un piège en riant" était mon impression le 10 mars dernier. Ça l'est toujours, sauf que nous ne rions plus.

 

En 2014 et 2015, nous sommes sortis de grands mouvements populaires, salués à travers le monde comme des exemples de refus assumés (en sacrifice) face, entre autres :

 

  • aux folies meurtrières pour accéder au pouvoir et le conserver, puis se jouant de la terreur politique comme fondement de gouvernance ; le dernier assassinat étant celui d’un juge constitutionnel, Salifou Nébié, on peut le penser, en relation avec la modification de l’article 37.

 

  • aux finasseries et ruses politiques autour de la réconciliation et de la cohésion sociale : le forum de réconciliation nationale de 1992, suspendu sine die sans avoir commencé, la Journée nationale du pardon de 2001 où ce qui était proposé par le Collège des sages comme un commencement a été converti en un couronnement dans l’urgence, le CCRP de 2011 où les implications pratiques des conclusions (maintien de l’article 37 en l’état) ont été dévoyées et refusées.

 

Folies meurtrières, puis ruses et finasseries pour s’éterniser "démocratiquement" au pouvoir, voilà ce dont l’Insurrection a triomphé en 2014 et dont la restauration a été combattue avec succès en 2015, y compris par l’armée.

 

C’est de cela qu’il s’agit, c’est ce triomphe qui est menacé de saccage radical, par des obstructions de toute perspective d’éclairci face à l’inacceptable : les "pillages" itératifs du pouvoir et de ses "délices", illégitimes dans ces conditions, par l'une ou l'autre fraction de notre armée nationale, fonctionnant sur fonds publics et censée être de service public.

 

A l'allure où vont les choses, on ne peut pas écarter l’hypothèse que la dignité de Martyr et la distinction "Mort pour la Patrie" soient devenus révocables ; et objectivement, elles seraient menacées de révocation en ce qui concerne l’Insurrection et événements liés dont la résistance contre le putsch de 2015 ?

 

Il suffirait d’assises "nationales inclusives" comme on sait les organiser, et/ou d’un vote à l’ALT, et d’une promulgation à "2 h du matin".

 

"Ils n’oseront pas", se disent intérieurement certains.

 

Mais qui pensait qu’on allait oser :

 

  • exhiber un certain Ibrahima Maïga comme première surprise ?

 

  • mettre au pas le Conseil constitutionnel de cette façon ?

 

  • dévoyer en une journée les travaux de la Commission technique d’élaboration de projet de textes… ?

 

  • désigner un usurpateur du titre d’avocat comme représentant à l’ALT ?

 

  • dire certaines choses sur la place publique ? En gros, de Damiba à Tankoano, celui qui peut fait son coup d’état pour en jouir comme il veut ;

 

  • augmenter les salaires des membres du gouvernement de 145% et plus ?

 

  • s’octroyer en secret 2 millions par trimestre à l’ALT ?

 

  • augmenter le prix de l’essence de 135 frs (23%) en moins de quatre mois ?

 

  • continuer à laisser déraper l’inflation, passée de 13,5% en mars à 18,2% en juillet ? Et pire, cette inflation est tirée par celle alimentaire, passée de 24,2% à 30,7% au cours de la même période (source : site Internet de Trading economics) ;

 

  • etc.

 

La liste est longue de choses « audacieuses », de jamais vues/entendus.

 

Pendant ce temps, notre principal mal continue de batifoler, peut-être se métastase, sans qu’on ne perçoive un horizon d’inflexion.



28/08/2022
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