Youssoufou Ouédraogo

L'hivernage s'installe et, dès mi-juillet par-là, certaines localités seront "coupées" de leurs chefs-lieux, c’est-à-dire, du reste du pays. Elles viendront s’ajouter à celles déjà "coupées" par les sabotages de ponts et autres ouvrages. Ces localités seront virtuellement à la merci des bandes de terroristes. Leurs populations et leurs VDP, s'il y en a, ne pourront pas y faire face, seuls, sans les appuis des FDS. Le vecteur aérien seul, non plus, ne serait pas efficace (insuffisant).

De gré ou de force, ces localités militairement "coupées" du reste du pays et leurs populations vont devoir faire avec les bandes terroristes. Ces dernières vont s’y pavaner, imposer leurs règles, prélever la zakat, rançonner des orpailleurs s'il y en a, vendre du carburant de contrebande ou détourné, etc.

Pour ce "faire avec" les bandes terroristes, ces populations risquent d'être accusées de complicité, et vouées aux gémonies par des whatsappeurs se prenant pour superviseurs du pays, donneurs de cours et correcteurs auto-proclamés des devoirs de morale et de patriotisme. Ces accusations ont déjà été entendues concernant certains villages qui ont fini par déguerpir sous la double-pression des terroristes et de ces accusations (Voir mon post du 11 mai 2023 sur Facebook). Mais en hivernage, les déguerpissements, outre le drame humain qu’ils constituent déjà, sont particulièrement périlleux.

Et si...

Lors de la deuxième Guerre mondiale, l'URSS a signé en août 1939 un pacte avec l’Allemagne nazie (Pacte germano-soviétique, ou Molotov-Ribbentrop). Ce pacte comportait un volet secret de partage d'influences en Europe de l'Est, et l’URSS fut accusée de "trahison" par les alliés antinazis. C’est lorsqu’elle (URSS) a été envahie traitreusement (malgré le pacte) par l’armée nazie (juin 1941) que les alliés ont fléchi leur position, pour reconsidérer l’URSS comme partenaire dans la guerre contre le nazisme.

Cette rupture sans préavis du pacte avait été anticipée par l'URSS qui n'en était pas dupe. Elle avait donc mis à profit ce temps de répit qu’a tenu le pacte (11 mois), pour penser, planifier et programmer (avec moins de pression) le déménagement de son industrie militaire. Déménagement vers ses territoires "hostiles", très froids de l’Est du pays (Sibérie et Oural). Ces zones étaient en plus très éloignées de la ligne de front, et donc hors de portée de l’aviation nazie. Le déménagement lui-même (y compris des travailleurs) s’est effectué en 1941 et 1942.

Ce rappel pour dire que certains "faire avec" forcés, certains pactes à l'image du germano-soviétique, sont du genre "à malin, malin et demi". Ce qui est déterminant, c’est l’usage qu’on en fait. C’est bien l'URSS, accusée au départ de "trahison", et trahie par l'Allemagne nazie, qui va être la première à faire échec à l’armée nazie, échec qui va déterminer l’issue finale de la seconde guerre mondiale.

Nous aussi, face à l’épreuve du terrorisme, en relations avec nos aléas climatiques et autres données, nous pouvons et devons jouer malin et demi ! Nous pouvons postuler, et y croire fermement, que nous sommes plus malins que les terroristes quant à l’usage d’informations et données publiques, y compris celles contenues dans des rapports d’études publiés et des ouvrages.

En attendant, si ce n’est déjà fait, un message de réconfort, par le sommet de l’Etat avec des mots justes, ne serait-ce que dans les intentions, pour cette saison hivernale serait très prévenant, bon pour le moral de ces populations.