Youssoufou Ouédraogo

Youssoufou Ouédraogo

Déchéance du titre de Dr Honoris causa de M. Compaoré Blaise

Entre hypocrisie, intérêts nationaux et rapport de forces (des idées), on peut privilégier le dernier qui est une hypothèse optimiste, ouvrant la voie à d’autres.

 

1 - Rappel des principales distinctions honorifiques de M. Compaoré Blaise

 

1.1 - Pour les titres de docteur honoris causa (DHC)

 

On en compte au moins cinq:

 

  • 1992, DHC de l’Ecole des Hautes Études Internationales de Paris ;
  • 1995, DHC de l’Université Soka, Japon ;
  • 2004, DHC de l’Université Jean Moulin de Lyon III ;
  • 2005, DHC en développement ressources humaines, de l’Université Ramkhamhoeng de Bangkok ;
  • 2009, DHC de l’Institut International de l’Ingénierie de l’Eau et de l’Environnement (2iE).

 

1.2 - Autres distinctions non-militaires

 

On en compte plus d'une quinzaine

 

  • 1995, Membre associé à l’Académie des Sciences d’Outre-Mer de Paris ;
  • 1997, Stèle d’Hiroshima ;
  • 2001, Grand-croix de la Légion d’honneur française ;
  • 2001, L’Ordre de Mérite de la Confédération africaine de Football ;
  • 2005, Commandeur de l’Ordre international des Palmes académiques du CAMES ;
  • 2005, Diplôme d’honneur et de mérite de la Conférence des institutions d’enseignement et de recherche économique et de gestion en Afrique (CIERA),
  • 2007, Prix CIVIPAX pour l’Afrique de l’Ouest/Espace UEMOA, le 15 décembre ;
  • 2009, Citoyen d’honneur de la ville de Yamoussoukro, le 16 septembre ;
  • 2010, Grand-croix de l’Ordre de la Pléiade, francophonie et dialogue des cultures de l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie ;
  • 2010, Grand-croix de l’Ordre National du Mérite de Guinée ;
  • 2010, Médaille de la gloire de la Fondation pour la démocratie en Afrique ;
  • 2011, Collier d’Or de la grande-croix de la Fédération internationale de volley-ball ;
  • 2011, Collier d’Or de la Confédération africaine de volley-ball ;
  • 2012, Collier d’or de la Confédération africaine du Handball (CAHB),
  • 2012, Grand-croix de l’Ordre international des Palmes académiques du CAMES ;
  • 2013, Grand-croix de l’Ordre National du Mérite de la République du Mali ;
  • 2014 (juillet), Lauréat du Prix de la Fondation Crans Montana.

 

2 - Ce que j’en disais dans « Vivre ensemble, au-delà du slogan » (2018)

 

"Bien que le coup d’État qui l’installe au pouvoir soient un des plus meurtriers du continent (hors guerre et rébellion), il réussit, quand même, à faire illusion comme démocrate et, ensuite, comme incarnation de la paix, sollicité pour éteindre les feux qu’il avait lui-même contribué à allumer, et alimenté… Mais l’originalité principale, c’est que les grades et décorations militaires sont troqués contre les distinctions académiques, sportives, culturelles, diplomatiques, etc. Tout cela, en mobilisant une légion de personnalités locales et étrangères[1], de célébrités artistiques et sportives, de réseaux de lobbyistes politiques, n’hésitant pas à s’immiscer dans le débat politique national par du faux[2] et des ouvrages dont certains se veulent savants[3]. « Le 1er février 1992, soit deux mois après les attentats contre Oumarou Clément et Moctar Tall, Blaise Compaoré est élevé au rang de Docteur Honoris Causa. Une première au Burkina Faso de la part de l’École des Hautes Études Internationales (EHEI) "pour le couronnement d’inlassables efforts fournis pour l’instauration d’une démocratie au Burkina" »[4]. Pour cette institution savante, ce serait « le symbole [d’un] encouragement en vue de mener à bien le processus de démocratisation en cours…de distinguer et d'encourager l'une des plus jeunes démocraties naissantes du monde ».Par ce lobbying, il avait réussi à compter parmi ses « amis » des personnalités crédibles de notoriété mondiale à l’image de Stéphane HESSEL qui affirmait « dès ma première rencontre avec Blaise Compaoré, peu après son accession à la Présidence, j’ai reconnu en lui un homme franc et déterminé, passionné par l’avenir de son peuple, tel que me l’avait décrit mon ami Jean Guion »[5].

 

Un autre exemple de personnalité pris au piège de la promotion du Président Blaise COMPAORÉ, a été Abdou DIOUF, Ancien président du Sénégal, Secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) au moment des faits (fin 2014). Il a préfacé un livre de Luc Adolphe TIAO, dernier Premier ministre avant l’Insurrection au Burkina. Cet ouvrage était intitulé « Blaise Compaoré Homme d’État, Homme d’action. De l’édification du Burkina Faso aux médiations dans les crises africaines ». Dans cette préface, M. DIOUF écrit : « l’ouvrage de Tiao sur le Président Blaise Compaoré, ce sage de l’Afrique, est une contribution importante pour les générations présentes et futures ; des générations en quête d’étoiles pour s’orienter, de leaders à suivre, de personnalités à prendre en exemple et de valeurs auxquelles se référer. Et ces valeurs, vertus non exhaustives qu’incarne Blaise Compaoré, sont celles de l’engagement humaniste, de l’altruisme, de la rectitude morale et du don de soi pour la paix et le progrès de son peuple »[6]. De la part d’un président civil d’un des très rares pays n’ayant pas connu de coup d’Etat en Afrique, d’un président dont la vingtaine d’années d’exercice du pouvoir (1981-2000) n’a pas connu de violences politiques autres que celles des joutes oratoires, il fallait une sacrée ‘conviction’ pour le dire ! La dédicace était prévue pour le 5 novembre, c’est-à-dire, selon le plan, après que l’assemblée nationale a adopté la modification de l’article 37 pour offrir encore, légalement, au moins trois autres mandats à M. COMPAORÉ, du haut de ses vingt-huit ans de pouvoir."

 

[1] Voir, entre autres, Frederic Lejeal, 2011, pages 197 à 200.

[2] Voir entre autres, affaire dites « des 100 millions, » : Pascal Bianchini et Salif Koala, 2003 : « Presse écrite, mouvements sociaux et jeux politiques au Burkina Faso : éléments pour une socio-histoire de l’opinion dans un pays d’Afrique noire » in Les cahiers du journalisme n° 12. Page 192.

[3] Ex. de Géopolitique du Burkina Faso de Jacques Barrat, Derek El-Zein, Nicolas Lambert, paru en 2008, Editeur Figures Et Plumes, Collection Géopolitiques ; 300 pages (voir aussi http://bit.ly/2j8mGgG, consulté le 5 juin 2011).

[4] Vincent Ouattara, 2006, page 105.

[5] Voir « Stéphane Hessel : "J’ai vu en Blaise Compaoré un homme passionné par l’avenir de son peuple" » sur http://lefaso.net/spip.php?article23971 du 15 octobre 2007.

[6]Voir « Luc Adolphe Tiao dédicace son roman "Blaise Compaoré, Homme d’Etat, Homme d’Action…", le 5 novembre prochain » sur http://bit.ly/2isJwRr du 4 février 2015.



12/10/2022
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