Extrait 1 de “La gauche nationale. Essai d’ontogenèse et de procès, fonds d’espoir”, p. 161-162
Parallèlement, parmi les héritages-piège des Régimes Compaoré et Kaboré mais peut-être pas les seuls, il y a le désossement de l’engagement public, rembourré de compensations avantageuses directement ou indirectement pécuniaires. On est dans la logique du tout « argent », y compris pour compenser de l’effort moral d’attachement à une valeur. À tel point qu’il n’y a pratiquement plus de demande de valorisation et de motivation autres que matérielles... Valorisation et motivation riment systématiquement avec plus d’argent. Parrainage rime trop souvent avec distribution cash d’argent. Comme si avant et en dehors de l’argent, il n’y aurait plus de modèles sectoriels, artistiques, géniaux à montrer à nos jeunes concitoyens ! C’est une des « meilleures » compromissions des générations post-RDP, avec pour exemple emblématique, la décoration. Depuis janvier 1999 (en pleine crise Norbert Zongo), elle donne droit à une bonification d’échelon, laissant dire que de nos jours, « la décoration se mange ». N’y a-t-il pas là, une corruption officiellement assumée d’un honneur en bien matériel ? Ce qui accréditerait la préséance du second sur le premier, alors que le pays célèbre le « préférer la mort au déshonneur ». Il ne s’agit pas de remettre en cause un « acquis » mais d’élargir la réflexion (avant, en dehors et au-delà de l’argent, sans forcément l’exclure) sur les motivations et les valorisations pour « services rendus à la Nation » et assimilés. Il fut un temps où lorsque vous arboriez votre épinglette de « Chevalier de l’ordre… », certains agents des forces de l’ordre vous réservaient, en toute circonstance, un traitement « tout seigneur, tout honneur », comme si vous leur tendiez un passeport diplomatique. Mais dès lors que la décoration se « mange », pourquoi devraient-ils encore se fouler la rate ?
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