Youssoufou Ouédraogo

Youssoufou Ouédraogo

A propos des sanctions contre le Mali, par la CEDEAO

Le Mali, c’est très sérieux pour nous au Burkina. Si on vendange le débat par populisme, opportunisme ou passive admiration pour le postérieur de la "foule", ça nous rattrapera, plutôt tôt que tard.

 

« Le XXIème siècle est celui des droits qui évoluent et doivent évoluer pour faire face à des problèmes émergents ou contextuellement amplifiés de société et de gouvernance. Il y a quelques décennies, il n’était pas imaginable que l’Union Africaine (UA) puisse déclarer illégal et condamner un coup d’Etat, qu’elle cherchât à légiférer sur les limitations des mandats présidentiels ou les modifications de constitutions à l’intérieur des pays. Depuis, le droit d’ingérence, d’abord humanitaire, a été développé et s’est insinué subrepticement dans la sphère politique. Cette réalité et ces codifications, sous certains aspects, sont une avancée digne du siècle, malgré leur pusillanimité pratique et leur géométrie variable. En effet, elles ‘travaillent’ les mentalités à l’inacceptation des finasseries légalistes pour demeurer au pouvoir, ou légitimistes pour accaparer le pouvoir par la force. Le débat public peut convertir l’inacceptabilité virtuelle, implicite, en une force matérielle explicité de refus organisé, puis d’évolution du droit pour relativement pacifier les refus ultérieurs éventuels, pour faire face à ces nouveaux problèmes nés de la mauvaise foi des acteurs politiques décisifs. » Vivre ensemble, au-delà du slogan. 2018

 

« C’est une erreur de faire croire qu’en remplaçant la France par l’ONU, les USA, la Russie, la Chine ou autre, … on aurait avancé dans notre quête de souveraineté. Toutefois, ce pourrait être une tactique de déconstruction de la toute-puissance de la France dans notre pays, si telle est l’option. » (Dans L'Evènement n°413 du 10 janvier 2020).

 

La CÉDÉAO des peuples, ça n’existe pas, pour le moment. Il ne peut rien en sortir d'autres que ce qui sort actuellement à chaque épreuve : silences et sanctions. Le Togo est membre de la CEDEAO et sa constitution ne limite pas les mandats présidentiels. C’est de père en fils, de la vie à la mort jusque-là, et cela ne semble déranger « personne ».

 

Si mutations il doit y avoir, à la CEDEAO, elles ne peuvent partir que de l'intérieur des états, et non de surplomb, de cette sorte de halo qui se veut panafricaniste mais dont on n’a même pas de référentiel. De N’Krumah à Sankara, en passant par Cheick Anta Diop et Ki-Zerbo, le débat piétine à propos de ce référentiel.

 

Dans n'importe lequel des pays de la sous-région, il y a mille et un prétextes, tous aussi valables les uns que les autres, pour faire des coups d'état. Mais les putschs salvateurs, il ne faut pas trop y croire, non plus. Il suffit de voir les statistiques, de ne pas avoir la mémoire courte. Les "pillages" de pouvoir d'Etat par l'imposteur le plus armé et/ou le plus déloyal, ça suffit !

 

La meilleure façon d’aider le Mali, c’est de nous en sortir nous-mêmes d’abord car, nous sommes autant à plaindre que le peuple malien. Faut-il rappeler que certaines de nos localités sont sous embargos des terroristes, depuis plusieurs années déjà, embargos plus traumatisants, tout aussi rudes, humiliants et aliénants pour notre souveraineté que celui décidé par la CÉDÉAO contre le Mali.

 

Le peuple malien mérite notre soutien, pas seulement contre les décisions méchantes de la CEDEAO, mais aussi contre les "pilleurs" de pouvoir d'état.



14/01/2022
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