Youssoufou Ouédraogo

Youssoufou Ouédraogo

Retour sur Vivre ensemble au-delà du slogan. Synthèse de la deuxième partie : Qu’en dire du Burkina Faso ?

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Pages 202-203

 

Quand on retrace les évènements de ces trois dernières décennies, on ne peut s’empêcher d’y comprendre que des germes de déchirures se sont déposés et se déposent toujours, sédiment par sédiment, et de plus en plus épineux, sans être (suffisamment) décapés. Et ce, dans une sorte de pusillanimité d’une république en apparente déshérence, c’est-à-dire, non prise en charge et en compte par une masse critique de ses concitoyens. Et parce que « c’est la démocratie », parce qu’il y a et il y aura des élections, partis politiques et acteurs étatiques décisifs semblent encore et toujours s’en accommoder. Les modalités de dévolution du pouvoir restent une préoccupation nationale prégnante, à résoudre et à stabiliser ; les élections engloutissent trop de ressources pour un pays réputé pauvre (en argent) et restent, à bien des égards, des foires d’empoignes personnelles, voire physiques avec, parfois, des scènes de ‘folies’ destructrices. Les divers segments de la puissance publique, en dehors de l’armée (par la dissolution du RSP et son exclusion des postes politisés) n’ont pratiquement pas entamé leur désimprégnation des maux des défunts systèmes : conflits d’intérêts, corruptions, rapines, etc. Et cela, malgré l’insurrection et la Transition et, paradoxe, à cause (partiellement) de certains acteurs clés de la Transition. Comme dirait l’autre, « la folie, c’est de toujours se comporter de la même manière et de s'attendre à un résultat différent ».

 

En vérité, pour l’essentiel, ce sont diverses dispositions structurellement améliorantes, dont certaines à double tranchants, qui semblent acquises ; les améliorations elles-mêmes résulteront de ‘combats’ en cours ou à venir, et les prises de judo et autres armes de lutte se trouvent aussi, désormais, dans des mains novices ; et l’on voit, par exemple, « des secteurs où des travailleurs, à travers les dirigeants, ont démarré une lutte par une grève illimitée » [Tolé Sagnon, sur http://bit.ly/2yEANlw] y compris à l’échelle nationale et sans préavis.

 

L’équation paraît claire, à défaut d’être simple : faire converger la vie et la puissance publiques sur l’indispensable équilibre, ne pas détruire et ne pas être détruit, et dans la mobilité. Malgré les barbaries, sous notre regard, du défunt régime de Blaise COMPAORÉ, cet équilibre a fortement tangué mais toujours récupéré, parfois in extremis comme ce fut le cas pendant l’insurrection puis la phase armée de la résistance au putsch. Pour robuste qu’il soit, cet équilibre ne peut se maintenir si les sédiments épineux ne sont pas activement décapés. Et la cheville ouvrière de ce décapage est la Justice, sous une forme ou une autre. Autrement, comme dirait Romain Gary, « tout cela pourrait ne rester que des roses, ça sent bon et c’est tout ».



30/06/2021
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