Youssoufou Ouédraogo

Youssoufou Ouédraogo

Raconter, c’est donner des clés pour conjurer l’indésirable !

Dans le livre Burkina Faso un espoir en Afrique (p. 78-79) l’auteur, Guissou L. Basile, fait cas de la construction d’un "cycle infernal de théorisation et de glorification de la violence", de la "montée constante de l’intolérance vis à vis des ‘contre-révolutionnaires’, des ‘non révolutionnaires’ des ‘pas assez révolutionnaires’, pour finir dans les rangs des ‘révolutionnaires pur-sang’ eux-mêmes… les acharnements haineux, les menaces de mort, les humiliations, … se sont accumulés au point de constituer une ligne de conduite."

 

En 2024, quarante ans après, en sommes-nous bien loin ? Et dans quel sens sommes-nous entrain d’évoluer ? Quarante ans, c’est une génération et demie qui a vécu trois coups d’État réussis dont un particulièrement violent (1987), un autre échoué mais violent (2015), une insurrection populaire (2014), qui est en plein dans une crise sécuritaire à vaincre ou à en périr, depuis près de dix ans.

 

Année 1987 : « Lorsque le président du CNR s’est rendu compte que la RDP était dans une impasse, il était trop tard. "La démobilisation était là. La désillusion s’était installée. Le charme s’était rompu. Il voulut alors faire une pause à la révolution" [Kaboré Roger Bila, 2001 : Histoire politique du Burkina Faso 1919-2000. p. 220]. Il n’eut pas le temps et les ressources pour se remobiliser lui-même, n’en parlons pas de ses troupes. Et certains avaient été entraînés si loin dans la "méchanceté révolutionnaire" qu’il ne leur était plus émotionnellement possible de reculer, pratiquement du jour au lendemain… Conjugué aux opportunités politiciennes offertes par la situation, et aux ambitions illégitimes, le soir du 15 octobre 1987 sonna le glas de Sankara au Pouvoir, du CNR et de la RDP. » La Gauche Nationale: Essai d’ontogenèse et de procès, fonds d’espoir. p. 154

 

Les "méchancetés révolutionnaires", nous y voilà/voici, avec des outils autrement plus performants (Web 2 et ses possibilités de camouflage, réseaux sociaux, médias en ligne, etc.), avec un autre personnel politique ‘coaché’ par quelques-uns parmi ceux qui ont aussi accompagné Sankara…

 

Témoigner, raconter, c’est essayer de conjurer l'indésirable, en donnant des clés !


06/04/2024
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